Petit article réalisé après mes observations et photos sur le terrain lors de suivi de meutes.
Il faut toujours se méfier des indices de présence du loup, que ce soit les empreintes, les crottes, les prédations. Dans l'absolu, sans analyse génétique, ou capture vidéo de qualité, rien ne permet d'affirmer qu'il s'agit bien d'indices de présence d'un loup. Tout au plus la cumulation d'indice permet de s'approcher de la réalité.
Les empreintes
Une seul empreinte ne détermine rien, ni par sa forme ni par sa taille. Rien ne distingue l'empreinte d'un loup de celle d'un gros chien ( d'ailleurs, certains chiens ont des empreintes plus grosses que celles d'un loup ). N'oublions pas qu'il s'agit de la même espèce à l'origine, et que le chien ( canis lupus familiaris ) n'est jamais qu'une sous espèce du loup ( canis lupus ).
Ci-dessous, empreinte possible de loup , la règle fait 10cm par 2cm, mais rien ne l'affirme. Ayant eu une vidéo du passage d'un loup 200m plus loin, la confirmation se précise... Se méfier des sols plus ou moins mous qui peuvent tromper sur la taille ...
©Grégory Delaunay
Sur cette photo , on voit que la patte postérieure ( en bas) est toujours plus petite et recouvre en partie la patte antérieure
©Grégory Delaunay
Si on a la "voie" ( ensemble d'empreintes qui montre le cheminement ), c'est déjà plus précis. En effet la voie tracée par le loup est souvent rectiligne ( peu d'écart entre la droite et la gauche ) et les empreintes antérieures et postérieures sont quasiment superposées. Ici , le cheminement de deux loups, dont l'un s'est écarté ( surement pour voir dans un reste de flaque ).
©Grégory Delaunay
Forte probabilité de trace de loup dans la neige...
Les crottes
Concernant les crottes, on se confronte au même problème Dans l'absolu on peut tomber sur une crotte de gros chien qui aurait mangé une proie ou des restes de proie. Le plus fréquemment, (mais pas toujours ) , les crottes de loup sont assez grandes , et contiennent ( mais pas toujours ) des poils ( de sanglier, de chamois, de chevreuils...) de ses proies, ainsi que de petits morceaux d'os. Elles peuvent aussi contenir des baies, graines, les loups sont opportunistes et ne dédaignent pas baies, fruits, mais aussi insectes ( criquets , sauterelles ). Mais encore une fois, il faut rester modeste. Lorsque l'OFB recueille des éléments, ils sont systématiquement analysés pour apporter une certitude. Par contre, les analyses sont très précises et permettent d'apprendre tout un tas de choses, l'espèce, référencer les individus etc etc...
Ci -dessous, une crotte assez ancienne où il ne reste quasiment plus que les poils.
©Grégory Delaunay
©Grégory Delaunay
Les restes de proies
Toujours et encore, aucune certitude. La proie peut avoir aussi été tuée par un ou des chiens, peut être morte d'un accident ( chute, blessée à la chasse et non retrouvée ...) de vieillesse , puis consommée par le loup qui est aussi charognard , ou d'autres animaux ( renard, blaireau , sanglier, oiseaux ... ). Ou un mélange de ces hypothèses: de nombreux animaux peuvent se nourrir sur une même carcasse. Lors des attaques sur troupeau, il est d'ailleurs précisé "attaque de grand canidé, loup non exclu ", ne pas oublier que les attaques de chien sur les troupeaux font de gros dégâts, et sont souvent "oubliées" une fois la présence du loup établie...
Photos de restes de proies trouvées en zone de présence permanente de meute.
©Grégory Delaunay
©Grégory Delaunay
En conclusion Attention aux jugements hâtifs, toujours rester modeste et ne pas se précipiter sur des hypothèses. Cumuler les indices permet de s'approcher de la vérité, pas de la détenir. Pour approfondir : - Etude sur le régime du loup : https://www.loupfrance.fr/le-regime-alimentaire-du-loup-en-france/
- L'excellent ouvrage de Jean Marc Landry : https://www.delachauxetniestle.com/livre/le-loup-2
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